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et bienvenue sur ce blog consacré aux livres que j'ai dévoré...

Bon appétit!

mercredi 11 mars 2009

Plus fort que la haine

Tim Guénard est âgé de 40 ans, marié, père de 4 enfants. Apiculteur et compagnon du tour de France, il habite dans le Sud-ouest de la France où il accueille avec sa femme des personnes en difficulté. A travers son autobiographie, il nous dévoile l'itinéraire d'un enfant perdu, et retrouvé. Ses mots ont la force de coups de poing, et l'écriture lapidaire délivre un message rempli d'espoir en la capacité d'amour et de pardon de tout homme, même du plus blessé.

Sa vie: Tim est une " mauvaise graine ". Abandonné par sa mère et battu à mort par son père, il devient à 5 ans un enfant de l'Assistance. De familles d'accueil en maisons de correction, de brutalités en humiliations, il apprend la violence et la haine. Pourtant, son immense soif de liberté et d'amour l'entraînera dans les rues de Paris, au hasard des rencontres, à la recherche d'une humanité perdue et d'un accès au bonheur... Poignant témoignage d'une enfance dévastée, cet ouvrage est aussi un magnifique éloge de l'amour, du pardon et de la vie.

Ce livre est à lire impérativement. C'est une oeuvre inégalable! L'auteur n'est pas un écrivain de métier et il le dit en première page: "Il a fallu des années de silence et d'amour pour pouvoir tout dire. Ce que je raconte dans ces pages, je l'ai vécu. Ce n'est pas un roman. On me pardonnera le style parfois oral de ces lignes, je n'ai pas l'habitude d'écrire. Je préfère dire.

Afin de ne compromettre certaines personnes, j'ai volontairement changé les patronymes et les noms de lieux. C'est la seule entorse à la vérité que je me suis permise.

On me pardonnera aussi de ne pas être toujours précis dans les dates. J'ai eu plusieurs vies en une seule. Les souvenirs se télescopent parfois. Peu importe, j'ai l'âge de mon espérance.
Par pudeur, j'ai caché également ce qui ne pouvait être rendu public et relevait de la stricte intimité.
Je me suis tu pour ne pas figer certaines personnes dans le mal qu'elles m'ont causé. Je ne veux pas les empêcher de changer. Elles ont le droit de m'étonner.

Je n'ai témoigné avec des mots qu'après la mort de mon père, par respect pour cet homme que j'ai voulu tuer et que j'ai appris à aimer alors qu'il franchissait les portes du Grand Passage.
Qu'il repose en paix."


Ce livre est adressé à tout le monde: "pour ceux dont la mémoire est blessée, ceux qui ne peuvent pardonner, ceux qui souffrent et crient à l'espérance."


Le titre exacte du livre est: "Plus fort que la haine, une enfance meurtrie: de l'horreur au pardon."
Tim guénard ne mâche pas ses mots et parle de ses souvenirs comme s'il venait de les vivre. Les premières lignes sont explicites: "Ma vie est aussi cabossée que mon visage. Mon nez, à lui seul, compte vingt-sept fractures. Vingt-trois proviennent de la boxe ; quatre de mon père. Les coups les plus violents, je les ai reçus de celui qui aurait dû me prendre par la main et me dire "je t'aime"."

A travers son témoignage, Tim nous fait réaliser combien il est facile pour un enfant qui manque totalement d’amour et d’attention de sombrer dans la violence : « Je compense par les coups l’affection qui ne m’est pas donnée... ça me délivre de ma solitude. Au moins, on me regarde, on m’insulte, on me court après, on s’intéresse à moi. »

Devenu boxeur, l’affection, il la rencontrera sur le ring mais aussi auprès de personnes tel un clochard ou le Père Thomas Philippe et surtout auprès des handicapés. Cet amour va faire son bout de chemin et refermer petit à petit les déchirures de son cœur et de son âme. Puis sa vie va basculer grâce à la rencontre d'un jeune homme handicapé : ainsi, à 20 ans, il décide de changer sa vie et d’aimer les autres comme il aurait aimé être aimé.
L’amour qu’il donnera va le nourrir et grandir en lui. Tim se transforme et n’a qu’une peur à présent : celle de ne pas assez aimer. Il ira même jusqu’à pardonner à celui qui lui a fait le plus souffrir : son père. A la fin du livre, il nous donne ses bases solides sur le pardon mais il ne s’étend pas sur le sujet car certainement qu'il le vit d'abord intérieurement, en silence, et que, comme il le dit, le pardon exige beaucoup de temps. « Je témoigne que le pardon est l’acte le plus difficile à poser. Le plus digne de l’homme. Mon plus beau combat. »

Aujourd’hui, Tim se rend là où on l’appelle, dans les églises, dans les écoles, aux assises, dans les prisons etc. pour témoigner devant les jeunes en difficulté, les écouter et les aider.


Lorsque j'ai découvert ce livre, j'étais au lycée (2004-2005). Nous devions le lire avant de rencontrer Tim Guénard pour une conférence en fin d'année. J'ai été littéralement impressionnée par sa vie. Combien de fois cet homme, cet enfant, a échappé miraculeusement à la mort? C'est le seul livre qui m'a fait tant pleurer!


Malgré les horreurs qu'il a vécu, j'ai aimé ce livre. Il l'a dit lui même, ce n'est pas un roman, c'est sa vie en quelques mots. C'est une vérité pas facile à entendre, ni même à voir, car à travers ses lignes, on voit la vie de ce petit garçon malchanceux.

Puis, à la fin de l'année scolaire, j'ai eu le privilège de rencontrer cette homme ; un homme ordinaire ayant eu une vie hors du commun. Ce qui m'a surpris, c'est la force et l'énergie qui l'animait. Il était plein d'espoir et nous a répété des dizaines de fois combien il aimait la vie. Il a pardonné l'impardonnable. La vie lui a enfin souri: il connaît l'amour d'une famille. Aujourd'hui, ce bonheur lui a fait oublier toute rancoeur. Il est en paix.

Voici sa dédicace: "aimer la différence c'est fleurir son avenir."


2 commentaires:

Mingingi des prairies a dit…

J'en ai beaucoup entendu parler mais je ne l'ai toujours pas lu, il va falloir que j'y pense car je crois que c'est un témoignage essentiel, le titre déja est très fort. Tu as de la chance de l'avoir rencontré !
Ce nouveau blog c'est une excellente idée, longue vie à lui :)

Jess a dit…

Merci beaucoup de ton passage mystère, c'est toujours un plaisir! :)

Et oui, cette rencontre je ne l'oublierai jamais et je te conseille vivement de lire cette oeuvre, mais prépare les mouchoirs. C'est inimaginable ce qu'il a vécu.